Les analyses de Guy Bonnardeaux : "Un Bob à la loupe"

 

Préface :

 

Une aventure née des mots …

 

Dans les années cinquante, comme d’ailleurs dans les premiers temps de la décennie suivante, il n’était pas courant, pour la plupart d’entre nous, de quitter l’Europe ni même souvent notre pays natal pour aller courir le monde à l’occasion de voyages lointains … Le cinéma, la bande dessinée et les livres étaient pratiquement nos seuls moyens d’évasion. Nous partagions nos rêves avec des héros de papier et des stars de salles obscures.

Et puis Bob Morane est arrivé. Un personnage totalement différent de ceux que nous connaissions. Les responsables de la collection Marabout junior avaient eu cette idée géniale en 1953 de lancer les aventures d’un héros d’un genre nouveau, voyageur et humaniste. Cet homme imaginé par Henri Vernes avait quelque chose de particulier, d’attachant. Il ne recherchait pas l’aventure pour l’aventure, c’est elle qui lui tombait dessus sans qu’il l’eût souhaité. Mais il ne s’y dérobait pas. Il était disponible pour secourir ses semblables, combattre les forces du mal d’où qu’elles viennent et défendre – déjà à l’époque – l’intégrité de la nature et ses composantes. Il y avait de la jungle, du fantastique, de la plongée sous-marine, des jonques, des avions, des Jaguar Type E, ... Et, fait rare à l’époque dans ce genre de littérature, une place y était faite aux représentantes de la gent féminine.

La série apportait aussi cette ouverture sur l’exotisme, sur le reste de la planète ( et plus tard au-delà … ) que nous souhaitions. Le monde était le royaume de Bob Morane et devenait en quelque sorte le nôtre.

Mon parcours  a débuté par les couvertures de Pierre Joubert. Je pouvais les admirer pendant de longs moments à la vitrine d’un libraire ou chez un ami plus âgé qui était déjà collectionneur de tous les juniors. Je n’avais que trois ans quand est sorti le premier roman, la vallée infernale, et ce n’est logiquement que quelques années plus tard que j’ai pu lire ce qu’écrivait le père du héros de tous les temps. Avant de pouvoir le faire, je me contentais de bâtir dans ma tête des scénarii en regardant ces superbes dessins colorés et les illustrations intérieures en noir et blanc dessinées par Dino Attanasio ( un artiste que j’aimais déjà grâce au signor Spaghetti et son inénarrable cousin Prosciutto ).

L’empereur de Macao et la cité des sables sont les premières aventures que j’ai lues. Deux livres qui m’ont profondément marqué et que je relis encore avec beaucoup de plaisir.

Vers l’âge de douze ans, j’avais un autre très bon copain qui fréquentait le même athénée que moi et qui était un inconditionnel de Bob Morane. Il en possédait tous les titres disponibles, son père ayant débuté la collection dès les débuts. J’adorais aller chez Luc. Nous passions l’après-midi dans l’immense grenier de l’immeuble qu’il occupait avec ses parents, un grenier qui rassemblait tous les trésors de Golconde. On y trouvait tout. De dizaines et de dizaines de cartons débordaient des magazines anciens ; des albums de BD ; des années complètes d’hebdos comme Spirou ou Tintin ; des bouts de films muets américains ; toutes sortes d’objets et tous les Marabout junior avec bien entendu les récits dont l’Aventurier était l’incontestable vedette.

Luc et moi comme la plupart des ados de l’époque vivions les aventures de Bob Morane. Nous étions le héros, nous étions Bill Ballantine. Le dimanche nous accompagnions les parents de Luc à la campagne où ils possédaient des hectares de bois surplombant la vallée de la Meuse et ses îlots. L’imagination sans limites qui nous habitait trouvait là le terrain idéal pour s’exprimer. Tout au long de ces heures merveilleuses nous inventions de nouvelles aventures en nous étonnant de ne pas découvrir de ruines de cités anciennes au détour d’un sentier ou de ne pas voir voguer sur le fleuve quelque jonque noire encombrée de pirates à la recherche de l’une ou l’autre péniche à piller…

C’est bien là une des particularités des récits écrits par Henri Vernes. En assemblant ses mots en phrases, en paragraphes, en chapitres, il en fait ressortir des images, des personnages attachants ou détestables et construit ainsi ligne après ligne un monde fabuleux qui nourrit notre imaginaire.

Les années sont passées et le grand Bob a été mis un peu en veilleuse… Dans les années quatre-vingt une superbe exposition me remit tout cela en mémoire. En dévorant toute la série j’y ai retrouvé de bien beaux souvenirs mais aussi (re) découvert les qualités oubliées d’une collection qui au fond n’a pas d’équivalent. La passion revenue, j’ai rejoint les rangs du Club Bob Morane pour y rencontrer d’autres passionnés attachants.

Et comme depuis toujours l’écriture m’occupe beaucoup, j’ai composé ces Bob à la loupe pour le magazine Reflets en essayant d’y apporter une petite touche personnelle. Je ne tenais pas à proposer de simples résumés n’y voyant pas l’intérêt pour le lecteur. Je voulais qu’il y ait un petit plus, quelque chose de nouveau, de personnel. Le premier mis à part ( les requins d’acier ), j’ai chaque fois intégré une petite histoire dans l’histoire elle-même, des réflexions, de l’humour, des mises en situation pour débuter le récit, des analyses de personnages. J’espère que cette manière de faire a plu et qu’elle a relancé l’intérêt pour les romans traités en incitant l’amateur à les relire et à y prendre plaisir.

Lorsque Laurent a pris contact avec moi – merci à notre ami à tous Bernard Cornil qui nous a mis en relation – dans le but d’héberger mes à la loupe sur son site, j’ai tout de suite accepté. Je me sens sincèrement honoré qu’une seconde vie soit ainsi donnée à ces pages que tous les visiteurs de bobmorane.be n’ont peut-être pas encore lues. A une époque un éditeur m’avait proposé de les publier sous la forme d’un livre mais le projet n’a pas abouti. Peut-être qu’un jour, grâce à la vitrine de qualité qu’est le présent site, un autre entrepreneur sérieux, soucieux d’imprimer et de diffuser mon travail de manière attirante et de qualité souhaitera t-il tenter l’aventure. Je suis d’ores et déjà à sa disposition.

Laurent est un passionné qui a réalisé ici pour nous tous un outil d’excellence, complet, documenté, bien ordonné, très agréable à consulter et parcourir. C’est une nouvelle et importante contribution à la continuité du mythe. Un travail tout à fait remarquable de la part d’un garçon aussi jeune. Qu’il en soit félicité avec sincérité. Il peut être fier de sa réalisation. Je suis quant à moi très heureux d’y être accueilli.

                           
Guy Bonnardeaux, novembre 2010
…quelque part entre le Quai Voltaire et Strawberry Fields.

                                                                          

Je raconte tout cela plus en détail dans mon livre Marabout Junior et ses auteurs, Editions l’Age d’or, 2008, dans le chapitre de l’ouvrage consacré à Henri Vernes.

 

Liste chronologique de ses "Bob à la loupe" (pdf) :

 

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